Sandra Mauro

Sandra Mauro cherche à exprimer la vitalité et l’énergie en privilégiant la thématique de la nature. Son approche, essentiellement formaliste et sensible, s’affranchit de la distinction entre abstraction et figuration. Elle puise dans son champ visuel et prélève formes et couleurs. Végétation, fleurs, pétales, pistils. Des formes, elle abandonne le détail. Des couleurs, elle scrute la puissance et creuse la sensation que l’oeil reçoit. Dans ses différentes séries, elle explore l’idée d’une présence comme de sa perte - ce qui est là et ce qu’on perd de vue, entre-deux à la fois manifeste et changeant, contours et matières indistinctes, entre abstraction et nature, apparition et disparition, force et fragilité - de ce qu’elle voit et perçoit. La peinture, son expression première, l’intéresse dans ses extensions de territoire, dans ses porosités et ses contacts avec d’autres formes. Ces photographies ont des allures de peinture dématérialisée, tentent le trouble, explorent les rapports de la peinture et de la photographie. Ce sont des photographies de peintre, pas de photographe. Elle recherche une matière visuelle, un flou, du grain. L’important est l’abandon du piqué, jusqu’à ne plus pouvoir faire le point. L’immatérialité de ces oeuvres, vécues comme des peintures, l’intéresse, appelle une autre dimension, forte, évocatrice et sans doute, pour elle, plus vivante.

 "Infiniment grand ou infiniment petit ? L’œil cherche à accommoder. Mais de point, il n'y aura jamais. L'image, rétive, ne se laisse pas soumettre. Est-ce le bout d'un sein que l'on entrevoit, ou bien la courbure d'une perle nacrée ? On ne saura pas. Alors, on cherche encore et encore à ajuster mais rien n'y fait. On insiste, on persiste — on lutte — mais en vain. On s'y perd. Il faut bien se résoudre à abdiquer. Ou, plus exactement, leur laissant la bride sur le cou, faire enfin confiance à nos sens pour se plonger dans les délices mystérieux et fantasmagoriques de l'inconnu et du doute. C'est précisément l'instant où la "peinture" a gagné. Tant mieux."  

Laurent Sbernini, 2020