Ludovic Carème se passionne pour la photographie dès le lycée, en lisant les reportages du journal Libération dans le R.E.R au début des années quatre-vingt. Il suit des études de photographie à l'ETPA de Toulouse et publie ses premières photos dans Libération en 1993.
En 1995, sur une idée de Jean Hatzfeld, il fait des portraits de couple de réfugiés échappés de l’horreur à Srebrenica. Cette première expérience lui transmet l'urgence de témoigner de l'injustice et de la fragilité humaine avec ses Rolleiflex ou Hasselblad 6X6. Son style sensible, à la fois contemporain et ancré dans la tradition des portraitistes, s'impose dans les rubriques « culture » et « société » de la presse française et internationale (Libération, Télérama, Le Monde, Nova, Elle, l’Equipe Mag, Le New York times, le Guardian, la Republica delle Donne....). Avec ses portraits des sans-papiers Maliens en grève de la faim de l'église Saint-Bernard, les actions d’Act-Up ou encore les ‘’esclaves ’’ haïtiens des plantations de cannes à sucre en République Dominicaine. Son regard fait ressortir le drame des vedettes et la splendeur des vaincus qui lui ouvre la voie, des maisons de disques et des festivals.
En 2007, Ludovic Carème s'installe au Brésil à São Paulo comme correspondant pour les grands titres de la Presse Française et se concentre sur différents projets au long cours. Il explore une favela condamnée à la destruction par la spéculation immobilière et confronte le quotidien de ses habitants en sursis sur une période de plus de 2 ans. Ce travail qui prend le nom de la favela « Agua Branca » l'incite ensuite à s'enfoncer plus profondément dans la faille qui sépare la classe dominante blanche avec ses immeubles vides et ses victimes. Les moins chanceux limitent leur habitat à une bâche ou une couverture qui forment de tristes « cocons » rejetés sur l'asphalte du vieux centre de São Paulo. Le photographe remonte les courants jusqu'à l’état Amazonien de l'Acre, à la rencontre des « Seringueiros » , les récolteurs de caoutchouc. Ces déscendants de paysans miséreux du Nordeste, envoyés par les autorités vers cette forêt pour reprendre la production au début de la seconde guerre mondiale qui se sont souvent mélangés avec le indiens Kaxinawa, Asháninka, Jaminawa,Yawanawa... et ont aussi été exploités et décimés.
Aujourd’hui quelques tribus vivent encore en harmonie avec la forêt grignotée par ces descendants des soldats du caoutchouc, manipulés par la puissance de l'industrie agro-alimentaire. Deux livres sont édités aux éditions Xavier Barral, Brésils Amazonie et Brésils Sao Paulo confrontent l’être humain à la nature et à la sécheresse urbaine. Ce corpus est exposé en 2019 à la Friche la belle de Mai à Marseille et en 2023 au MAR de Rio De Janeiro. En 2022, il est lauréat de la BNF / la Grande Commande photographique « Radioscopie de la France » pour son projet intitulé « Les cadis de Mayotte ». Ludovic Carème est représenté par l’agence vu. Depuis 2019, il vit et travaille principalement en France.