Gustav Klimt est né le 14 juillet 1862, d’un père orfèvre (artisan graveur sur or) et d’une maman chanteuse lyrique. Cette filiation permet déjà de comprendre les fondements de son œuvre qui ressemble à une immense mélodie gracieuse et brillante.
Les talents de Gustav lui permettent de rentrer à 14 ans à l’Ecole des Arts Appliqués de Vienne.
La ville est à l’époque en effervescence : le contexte artistique est aux ouvertures et de nouveaux mouvements picturaux voient le jour en Europe propulsé par le impressionnisme et le fauvisme.
Accompagné en parallèle d’un contexte intellectuel explosif avec le développement d’idées révolutionnaires d’écrivains (Stendhal, Hugo, Tolstoi...), de philosophes (Goethe, Zola, Sand,...) et de médecins (Freud)...
C’est donc dans un courant général de modernité que Gustav Klimt démarre sa carrière.
Il commence, avec un de ses frères et un de ses amis, par la peinture décorative au sein de la Compagnie des Artistes qu’ils montent ensemble. Rapidement leurs compétences sont reconnues dans toute l’Autriche et pendant 15 ans, ils réaliseront de nombreuses commandes de décors dans des lieux très prestigieux comme l’université ou le grand théâtre de la ville.
Le savoir-faire de Gustav pour le portrait s’est parallèlement consolidé. Il devient rapidement le portraitiste favori de la haut bourgeoisie viennoise. La peinture de l’auditorium du Burgtheater - dans lequel on voit des centaines de visages détaillés - lui vaudra le prix de l’Empereur et finit d’assoir sa réputation.
La mort de son père puis de son frère bouleverse le peintre qui traverse une crise existentielle qui s’achèvera par un rejet de l’académisme enseigné et une attirance par les nouveaux mouvements artistiques évoqués plus haut. C’est le début de la Sécession, mouvement qui revendique un art total (englobant tous les savoir faire), un art nouveau et libre, dont il devient le chef de fil à 36 ans. L’interdisciplinarité devient un socle du mouvement qui rassemble des architectes, des céramistes, des peintres, etc. Son leitmotiv ? «A chaque époque son art, à l’art sa liberté ».
Affranchi de ses obligations professionnelles en décoration, soucieux de sa liberté créative, c’est à partir de 1898 que sa « vraie » peinture est née. C’est le portrait de Sonja Knips qui marque ce tournant : cette nouvelle façon de peindre que le critique Hevesi qualifie de « singulier ruissellement vibrant ». Le visage est toujours précis et découpé, les corps sont souvent suggérés, décorés, ornés, se fondant avec le décor. Les robes de ses modèles sont pures imagination de l’artiste qui donne libre court à sa créativité. Les parterres sont souvent composés de mille et une fleurs.
Son pinceau arrive avec une délicatesse infinie à peindre la sensibilité, la rêverie, la tristesse, la mélancolie, l’amour, etc.
Son sujet de prédilection devient la femme, dans tous ses états, enfant, demoiselle, courtisane, bourgeoise, sensuelle, maternelle, etc.
La femme devient également vite un outil allégorique, la beauté, la vie, la mort, la philosophie.
Même ses paysages ont une forme de féminité, leur foisonnement traduit une générosité féminine !
Une évolution majeure dans sa technique est l’utilisation de plus en plus fréquente de l’or dans ses toiles, héritage paternel sans aucun doute mais aussi issu de sa curiosité personnelle (mosaïques byzantines, arts égyptiens, école japonaise de Rimpa, etc.).
Voilà l’aboutissement de son souhait profond : un art en symbiose avec les arts décoratifs. Cet ornement rend les tableaux plus abstraits, plus mystiques.
C’est en 1901 qu’il peint la sublime Judith I, d’une beauté et d’une majesté exceptionnelles qui est le parfait exemple de cette période.
Il élève le rang de la femme : pilier pour lui du cycle de la vie. Il crée un nouveau type de féminité grandiose et puissant. Ses femmes sont séduisantes oui, mais il arrive à leur donner aussi une véritable densité psychologique loin des codes de l’époque.
Dès 1910, des couleurs toujours plus vives surgissent dans ses tableaux apportant une nouvelle force comme on peut le voir dans les Portrait d’Adele Bloch-Bauer II, de Mada Primavesi ou de la Vierge.
Il meurt d’une apoplexie en 1918 au côté de son amie-amante Emilie Floge, qui est sans doute la femme qui lui échange un baiser dans le mythique tableau Le Baiser.