L'exposition s'est terminé le 20 janvier, c'est donc in extremis que l'on a fait ce détour au musée Jacquemart-André, lieu intimiste de collectionneur qui est tout à fait approprié pour présenter cette collection exceptionnelle. La collection Alana est l'une des plus confidentielles et des plus importantes collections de peintures italiennes aux États -Unis. Alana est la contraction de leurs deux prénoms :Alvaro Saieh et sa femme Ana Guzman, deux amateurs passionnés par les grands maîtres italiens du gothique et de la Renaissance. Ils ont ainsi constitué un ensemble de tableaux uniques qui résument admirablement l'art du XIIIe au XVe siècle.
C'est la première fois que ces tableaux sont exposés tous ensemble : Lorenzo Monaco, Fra Angelico, Uccello, Bellini, Carpaccio, Tintoret, Véronèse, Bronzino, Gentileschi... des ors des primitifs italiens au clair-obscur des caravagesques on a sous les yeux les merveilles des grands moments de l'art italien.
Dans leurs appartements, Alvaro Saieh et Ana Guzman accrochent les tableaux dans l'esprit des XVIIIe et XIXe siècle, très serrés, du sol au plafond l'espace est saturé, les styles et les époques se mélangent; l'accrochage est renouvelé en fonction de leur humeur et de leurs nouvelles acquisitions et des cloisons coulissantes permettent d'en présenter toujours plus. La première salle de l'exposition nous donne cette idée de profusion et c'est un choc visuel que de voir rassembler ainsi des tableaux du XIVe, XVe, et XVIe siècle.Dans les salles suivantes le parcours suit un ordre chronologiques des primitifs italiens en passant par les grands maîtres du Quattrocento et du Cinquecento.
On est frappé par la fraîcheur des couleurs, l'expression des visages (Saint Jean l'Evangéliste de Filippo Lippi), la douceur des Madones (Vierge de l'Annonciation de Nardo di Cione), la délicatesse des chérubins... Ces tableaux racontent une histoire : L'Annonciation de Lorenzo Monaco (l'un des plus grands peintres de Florence à l'aube du XVe siècle ) avec son Ange Gabriel aux ailes multicolores est très étonnant.
On découvre dans cette exposition à quel point les peintres de cette époque du gothique développent une nouvelle tendance picturale, incroyablement moderne et imaginative, malgré les sujets qui restent tourner vers un art religieux.