Les deux années qui suivent son retour de Tahiti (aout 1893-juin 1895) Gauguin se bat pour s’en sortir et tente de persuader les marchands et les galeries d’organiser des expositions. Il entreprend d’écrire un livre Noa Noa « pour faire comprendre » sa peinture tahitienne.
La cinquième exposition des peintres Impressionnistes et Symbolistes présente « La copie de l’Olympia de Manet » de Gauguin. Il proposera de faire don de son tableau « La Orana Maria » au musée du Luxembourg, qui le refuse !
Degas lui achète deux tableaux ; reconnaissant Gauguin lui offrira une canne sculptée !
Gauguin loue un deux pièces rue Vercingetorix, il peint les murs en jaune de chrome et les décore de ses propres tableaux, mais aussi de toiles de sa collection de Cézanne et Van Gogh. Il organise les « Jeudis » de Gauguin au cours desquelles il réunit un cercle de peintre, écrivains et musiciens. Il n’arrive pas à retrouver sa place dans cette vie parisienne et manifeste son intention de s’installer définitivement dans les mers du sud. Avant de partir, Il propose à Paul Durand-Ruel 35 toiles (à 600 francs pièces) et pousse pour une exposition publique à l’Hotel Drouot. Cette dernière attire peu d'amateurs (neuf tableaux sur quarante sept exposés sont vendus).
Le 28 juin 1895 Gauguin annonce son retour à Tahiti. Ce sera son dernier voyage. Le 9 septembre, après une escale à Sidney puis Auckland, Gauguin arrive à Papeete. Puis il fait voile vers Bora Bora. Il se construit avec l’aide de la population locale un fari, case tahitienne traditionnelle en bambou et feuilles de palmier. Gauguin souffre d’eczéma qui l’empêche de peindre. A bout de ressources, déprimé, affligé de fortes douleurs dans une jambe, il abuse de morphine. Il prend pour vahiné Pahura, une jeune fille de 14 ans ! Il fait des séjours réguliers à l’hôpital. Il apprend la mort de sa fille Aline par une lettre « courte et brutale » de sa femme. Début décembre, victime d’une crise cardiaque, Gauguin entre à l’hôpital et commence à travailler à son vaste tableau « testament » : D’où venons nous? Que sommes nous? Où allons nous. Il confira le tableau à un officier qui retourne en France.
Le 12 décembre 1898, hors d’état de peindre ou de marcher, Gauguin confesse à Monfreid qu’il a perdu « toutes ses raisons morales de vivre ». Les rats ont rongé le toits de sa maison, la pluie s’y infiltre, les cafards ont détruit plusieurs dessins et tableaux et il ne lui reste que 100 francs pour vivre. Il parvient tout de même à envoyer à Paris 475 gravures, dix dessins et dix tableaux qui arriveront trop tard pour l’exposition Universelle de Paris.
Les trois dernières années de sa vie seront jalonnées de séjours à l’hôpital, d’épreuves (mort de son fils Clovis), de souffrances physiques et morales. Le 10 septembre 1901, il quitte Tahiti pour les Marquises où il construira sa « Maison du Jouir ». C’est pour sa peinture une période très productive : il envoie 34 toiles à Vollard. De cette période on aime: Nave Nave Mahana (1897), Te Tamari no aria, Cavaliers sur la plage (1902), Le cheval blanc (1898)...on se demande, avec cette vie, comment Gauguin peut encore peindre des fonds roses aussi beaux, des jaunes de chrome aussi lumineux, des bleues aussi profonds...Les Contes Barbares est l’un des plus importants...mystérieux tableau dont personne n’a vraiment trouvé l’énigme.
Décontenancé par la violence des critiques à l’encontre de ses titres tahitiens, Gauguin n’inscrit plus que rarement des titres sur ses derniers tableaux.
Gauguin meurt le 8 mai 1903.
Quelle vie... quel génie…!