Aperçu des émotions de Nicolas de Staël
« J’ai eu besoin de penser peinture, de voir des tableaux, de faire de la peinture pour m’aider à vivre, pour me libérer de mes impressions, de toutes les sensations de toutes les inquiétudes, auxquelles je n’ai trouvé d’autres issues que la peinture. »
Nicolas de Staël est né à St Petersbourg en 1913 et se donnera la mort à Antibes en 1955.
Son père étant général, la famille fuit la révolution d’octobre. Il a 7 ans quand il devient orphelin et atterri à Bruxelles dans une famille d’accueil russe. Nicolas de Staël montre déjà des prédispositions pour le dessin. Il admire Rembrandt et Vermeer et voudrait devenir peintre lui aussi. Seulement on l’oblige à faire des études plus sérieuses dans l’ingénierie et c’est seulement en 1933, une fois diplômé, qu’il entre à l’Académie de peinture à Bruxelles. Il part enfin voyager en 1935 : il va voir l’Italie (la Sicile notamment), le sud de la France, l’Espagne puis le Maroc où il rencontre la peintre Jeannine Guillou et c’est l’amour fou.
Ils s’installent à Paris allant de studio d’artistes en studio d’artistes, chez des amis de Jeannine. Il ne trouve toujours pas son style même s’il peint activement, il cherche et explore même si rien ne le satisfait jamais ; une période qui nous reste inconnue car toute sa production a été jetée.
Mobilisé en 1940, il part en Algérie et en Tunisie où il travaille sur les cartes géographiques. Démobilisé, il rejoint Jeannine à Nice où il rencontre Robert et Sonia Delaunay. Lorsque sa fille arrive au monde, il a le déclic et se met à peindre beaucoup, des milliers d’oeuvres en 15 ans, il en aurait détruit presque autant semble-t-il. En 1942, il passe à l’abstraction sans transition avec comme première oeuvre : Composition sur fond gris.
« Je n’oppose pas la peinture abstraite à la peinture figurative. Une peinture devrait être à la fois abstraite et figurative. Abstraite en tant que mur, figurative en tant que représentation d’un espace. »
Avec la guerre et l’état de pauvreté dans lequel ils vivent, Jeannine mourra de malnutrition en 1946, juste lorsque Nicolas décroche un contrat avec la grande galerie Louis Carré. Les toiles de cette période sont assez sombres, reflet de son chagrin. En 1952, il retourne dans le sud de la France où il restera jusqu’à la fin de ses jours.
Ses toiles se vendent bien à Paris, et il sera même exposé à New York où le marchand d’art Paul Rosenberg le remarque et lui fait signer un contrat assez rapidement.
Il parle de sa peinture comme une nécessité, un besoin vital et la violence des aplats au couteau et à la spatule, traduise cette émotion puissante qu’il n’arrive pas à exprimer autrement. Il est abstrait par nécessité : il ne fait pas dans les détails, sa peinture est grasse et épaisse. Il se sent extérieur au grand mouvement, pour lui sa démarche ne se veut pas abstraite, pas avant-gardiste ; il se sent vraiment extérieur à ces préoccupations. D’ailleurs en 1949, le Musée National d’Art Moderne le consacre en lui achetant une oeuvre, et il refuse de se voir accrocher dans la partie abstraite des collections. Il restera malgré lui, l’un des artistes européens les plus influents de la période de l’après-guerre.
Pour mémoire, allez revoir la belle retrospective de 2018 qui a eu lieu à Aix : https://www.ameliemaisondart.com/