PARTIE 1
Amedeo Clémente Modigliani naît le 12 juillet 1884 à Livourne, c’est le quatrième enfant de Flaminio Modigliani et d’Eugenie Garsin. Sa mère parle de son fils, Amédée dit « Dedo » comme « un peu gâté, un peu capricieux mais joli comme un cœur ».
Avec eux vivent la grand mère et le grand père Isaac. Le petit Dedo et son grand père furent des compagnons inséparables : Isaac Garsin est un grand érudit et il passe son temps avec l’enfant lui parlant d’art et de philosophie.
Amedeo a 16 ans lorsqu’il est atteint d’une double pleurésie si grave qu’elle entraînera les premières marques de tuberculose. Il gardera toute sa vie une santé fragile.
L’hiver de ses 18 ans il séjourne à Rome et passe ses journées dans les musées. À Florence il s’inscrit à la Scuola Libera du Nudo. Il partage un atelier avec le peintre Oscar Ghiglia et à la fin de l’été il fait de la sculpture à Pietrasanta, près de Carrare. Il rêve déjà de partir travailler à Paris. Mais c’est à Venise, où il rencontre Ortiz de Zarate (à qui il confiera son désir de devenir sculpteur), qu’il étudiera à l’Institut des Beaux Arts.
En 1906, aidé par sa mère il arrive à Paris. Il s’installe dans un hôtel à côté de la Madeleine, s’inscrit à l’Académie Colarossi, loue un atelier dans le maquis de Montmartre près du Bateau-Lavoir et poursuit son auto-formation. Modigliani est sûr de sa propre valeur mais il cherche encore son style. Il va rencontrer tous les artistes de Montmartre dont Pablo Picasso, Guillaume Apollinaire, André Derain, Diego Rivera...
Le 24 janvier 1920, « l’ange au visage grave » s’éteint. Dans la nuit du 25 janvier 1920, Jeanne Hébuterne, qui est la compagne de l’artiste, saute de la fenêtre du cinquième étage et meurt, enceinte de son second enfant. La légende est née et avec elle le mythe : Modigliani est « l’artiste maudit » du XXème siècle. Mais l’homme reste inconnu : c’est cet homme que l’on va tenter d’approcher...
Qui était Modigliani ?
Sa correspondance nous révèle un homme très cultivé : sa pensée est dense mais peut partir dans des délires incompréhensibles parfois.
Physiquement, on le sait petit (1m60), il est décrit comme...« un garçon très beau, portant un feutre noir, un costume de velour et une écharpe rouge ; des crayons sortent de ses poches et il tient sous le bras un carton à dessins. » Son entourage est frappé par « par sa distinction, son rayonnement et la beauté de ses yeux. Il est à la fois très simple et très noble. Il est différent des autre dans les moindres gestes...il a des mains superbes, très sûres... ».
« Il a déjà son air légèrement hautain, ses manières un peu froides, sa facilité à parler de toutes sortes de choses avec intelligence... »
Paul Alexandre, son premier mécène, dira de lui « L’homme était aussi séduisant que son œuvre ...c’était un aristocrate né. Il en avait l’allure, il en avait les goûts ».
« Modigliani ne voyait que ce qui était beau et pur. Jamais je ne l’ai vu éprouver de la jalousie pour quiconque, jamais je ne l’ai entendu faire de critique malveillante ».
Tous ces commentaires nous donnent l’idée d’un homme sympathique.
Mais ses amis connaissent aussi sa forte personnalité et ses idées très précises sur son art : « d’un caractère très doux il lui arrive d’avoir des querelles très violentes ».
« Modigliani avait le goût du risque. Il pense qu’il ne faut pas avoir peur de jouer sa vie pour l’agrandir. Avec une âpre intolérance pour la vie médiocre il y a chez lui une prétention aux privilèges des princes ... »
Au cours de cette période (1906-1914), la recherche artistique de Modigliani ne tend qu’à un but : parvenir à ce qui est sa vocation, la sculpture. Mais très rapidement l’artiste est obligé d’abandonner : de santé fragile depuis la tuberculose, il n’a plus la force physique nécessaire au travail de la taille directe. Mais ce qu’on oublie souvent de dire c’est aussi l’influence de sa rencontre avec le jeune marchand ambitieux Paul Guillaume qui le pousse à interrompre la sculpture au profit de la peinture : « Plus facile à stocker et à commercialiser.» Modigliani doit donc renoncer à son projet de construire son « Temple de la Volupté » aux cariatides images stylisées de la beauté féminine parfaite (Nu debout (1911), Cariatide (1914)...
...à suivre...