Les portraits d'Amedeo Modigliani

On se souvient bien de ce beau brun ténébreux, sculpteur puis peintre, au destin si tragique...on le connaît pour l’avoir déjà rencontré au détour d’une balade : Amedeo Modigliani (1884-1920).
« La Belle droguiste », huile sur toile de 100 x 65 cm, ( tableau que l’on connaît aussi sous le titre « La Belle Épicière  »),  appartient à une série de portraits exécutés entre 1916 et 1918 qui ont tous pour sujets des personnes modestes saisies dans leur vie quotidienne.


Dans cette toile, comme dans les deux versions de la Petite Servante (1916) ou encore dans La Marchande de fleurs, la silhouette du personnage est simple, les formes sont primitives et le trait est si pure que le sujet prend une dimension presque sacrée...les couleurs sont chaudes...les yeux sont vides, la touche du pinceau est délicate, précise et c’est beau !

Ici, la jeune femme blonde est assise contre un mur sur une chaise en bois, on devine autour d’elle des arbres. Elle est habillée simplement d’une robe de couleur foncée ceinturée par un tablier blanc; les deux mains sont posées l’une sur l’autre devant elle, les épaules sont tombantes, comme abandonnées...Son regard est fixe, les yeux sont vides.
Il y a dans son attitude figée comme une fatalité universelle...Le titre de l’œuvre trouve son origine dans l’inscription ÉPIC...Présente sur le mur dans le haut du tableau, derrière la jeune femme...(ÉPIC-ERIE : la fin du mot étant caché par un arbre).

La toile fut probablement peinte à Nice ou à Cagnes lorsque Modigliani s’y établit pour soigner sa santé fragile (il mourra de tuberculose à l’âge de 36 ans.)
Ces portraits sont toujours le fruit d’un long travail de réflexion. Modigliani, comme beaucoup d’artistes contemporains, s’intéresse particulièrement aux arts primitifs africain, précolombien, mais aussi à l’art siennois du XIVe siècle...
Il sera fasciné  par l’œuvre de Cézanne qu’il interprète de façon très personnelle et dont on retrouve l’influence dans toute son œuvre.