Deux gros hortensias roses, dans un vase blanc, février 1931.
Huile sur toile, signée en bas à gauche
Annotée au verso de la mention «à garder pour NY» 73 x 50 cm
Sanyu naît en 1901 au sein d’une famille aisée, propriétaire d’immenses manufactures de soie, dans la province chinoise du Sichiuan. Dernier enfant de la fratrie, Sanyu étudie à la maison et passe ses après-midis à se balader dans les usines familiales, où il s'extasie devant les magnifiques motifs et le travail minutieux, peaufinant ainsi son goût pour les couleurs et les formes raffinées. Très tôt son entourage familiale reconnaît son talent et sa sensibilité artistique, son père l’encourage, lui apprend la peinture, lui offre des cours de calligraphie et le pousse à partir pour Shanghai poursuivre son apprentissage.
Two Pink Nudes, 1929, huile sur toile, 81 x 55 cm
Après quelques années de voyages au Japon et en Allemagne, Sanyu pose ses valises à Paris en 1920. Pour le jeune artiste, la France est une terre promise et Paris la capitale du modernisme. Le Paris de l’après-guerre c’est celui de l’euphorie : « L’homme exaspéré, tendu […] lève la tête, ouvre les yeux, reprend goût à la vie. Frénésie de danser, de se dépenser, de pouvoir enfin marcher debout, crier, hurler, gaspiller. Un déchaînement de forces vives remplit le monde », écrit Fernand Léger. Dans le quartier de Montparnasse où Sanyu se trouve un petit appartement, l’esprit est à la décadence, au renouveau, au changement, à la fête et à l’exubérance. Les artistes du monde entier se ruent à la terrasse du Dôme ou dans les ateliers de l’Académie de la Grande Chaumière. Sanyu y fréquente l’avant-garde de son époque ; ses camarades chinois Xu Beihong et Pang Xunqin, mais aussi Alberto Giacometti, Foujita ou Picasso. Ainsi il mêle sur ses toiles l’héritage de l’art de ses ancêtres (calligraphie, porcelaine, idéogrammes chinois) à certaines des nouvelles idées européennes de son époque.
Goldfish, 1930, huile sur toile, 74 x 51 cm
La mort de son frère-mécène en 1930 marque pour l'artiste la fin d'une certaine aisance financière et le début de ce qu'il appelle sa « vie de bohémien ». À cette époque, Sanyu réalise de nombreux nus graphiques et minimalistes, il peint aussi des natures mortes, essentiellement des fleurs stylisées, très dépouillées, et quelques animaux symboliques. Ces sujets, associés à de magnifiques couleurs saturées et à une technique défiant toute notion de perspective, le font parfois surnommé le « Matisse chinois ».
Nude, années 50, huile sur isorel, 68.5 x 62cm
Méconnu de son vivant, Sanyu tombe dans l’oubli à la fin des années 1960, mais depuis une vingtaine d’années ses oeuvres, redécouvertes par un marchand d’art taïwanais, ressurgissent sur le marché. Critiques et collectionneurs sont unanimes face à ce talent, parfaite synthèse entre Orient et Occident.