Helen Frankenthaler

 

 

Grande artiste américaine et influence majeure pour toute une génération de peintres new-yorkais, Helen Frankenthaler fait le pont entre l’expressionnisme abstrait des années 50 et le mouvement du “color field painting” des années 60 qu’elle a d’ailleurs initié.

 

Après des études supérieures au Bennington College du Vermont, Frankenthaler fait ses débuts à New York. Elle y fréquente l’avant-garde créative installée à Manhattan, David Smith, Lee Krasner, Willem et Elaine de Kooning, Franz Kline, Adolph GottliebBarnett Newman et Jackson Pollock, qui l’inspire et la fascine. Comme lui, elle utilise de grands formats et travaille sur une toile posée à même le sol, mais rapidement elle trouve son propre style et invente même sa propre technique à base de “tâches de couleur absorbées”.

 

Sur des grandes toiles horizontales, elle déploie de larges flaques de couleurs diluées avec de la térébenthine, la fluidité et la légèreté des aplats (rappelant parfois l’aquarelle), associés à une douce palette, donnent à ses œuvres une sensation de mouvement continu. Bien que complètement abstraites, ses toiles évoquent des paysages, et plus spécifiquement des panoramas dont certains titres renvoient explicitement à la nature. On pense à l'œuvre mythique de l’artiste intitulée Mountains and Sea (1952) inspirée par les falaises de Nouvelle-Ecosse, ou plus tard Ocean Drive West (1974), réalisée dans une maison en bord de mer que l’artiste avait louée pour mettre sur toile les mouvements de l’océan et le flux des marées.

 

Ocean Drive West #1, 1974

 

 

Le travail d’Helen Frankenthaler, parfois jugé “trop doux” ou “trop féminin” par quelques contemporains et critiques, apparaît rétrospectivement comme la preuve que l’on peut peindre l’abstrait sans être froid et clinique. Cette douceur et cette féminité que l’on perçoit face aux toiles de l’artiste sont également synonymes d’harmonie, de chaleur, d’équilibre. Ces sentiments sont avant tout provoqués par une maîtrise parfaite des tons, des couleurs et de leurs associations. Vitaminées, expressives, vivantes, les toiles d’Helen Frankenthaler font du bien. Tout simplement.