Depuis quelques années, les installations de l’artiste japonaise Yayoi Kusama ont la cote. Les Infinity Rooms de l’artiste fleurissent dans toutes les grandes villes du monde, de Los Angeles à Copenhague, en passant par Tokyo ou Paris. Du côté des réseaux sociaux nous apercevons régulièrement des clichés de jeunes “art enthusiasts" ravis de se photographier dans les reflets étincelants d’une Infinity Room. Sous ce nom poétique et mystérieux se cachent de petites pièces entièrement hermétiques aux scénographies lumineuses et géométriques.
Pénétrer à l’intérieur d’une de ces installations est une véritable expérience sensorielle. Nos notions d’espace et de temporalité sont bouleversées. On ne perçoit plus les sons extérieurs. Les murs, les sols, les plafonds sont recouverts de miroirs, ce qui procure une impression de vertige et d’infini. Et partout de petites lumières scintillent, comme autant d’étoiles ou de planètes perdues dans l’immensité. L’artiste, elle, y voit des âmes ou des fées voguant à travers le cosmos.
Ces univers excentriques, fantaisistes, quelque part un peu magiques, sont aussi beaux que troublants. Ils reflètent les hallucinations, véritable maladie mentale, dont Yayoi Kusama souffre depuis l’enfance. Mais ce délire obsessionnel, cette altération de l’esprit, Kusama en a fait le principe même de son énergie créatrice. Peu à peu, les motifs psychédéliques, les pois (“polka dots”), les diodes lumineuses, les accumulations, les répétitions… tous ces troubles qui vivent en elle depuis toujours, deviennent ses sujets de prédilection.
Ainsi, la japonaise aux petits pois, réussit à faire de sa fragilité, sa plus grande force, et partage ainsi avec des millions l’infinité de son monde hypnotique et coloré.