François Halard

Printemps 2020, début de pandémie, François Halard trouve refuge dans son hôtel particulier arlésien. Si proche de la Provence, des doux vallons du Luberon, de la sèche Camargue bordée de Méditerranée, le photographe ne peut profiter de ces plaisirs du sud. Enfermé, isolé, les ateliers et maisons d’artistes qu’il aime tant photographier lui sont inaccessibles.

 

 

Mais l’inspiration ne manque pas dans sa demeure du 18ème siècle. Au-delà de nos vies mises entre parenthèses, cette maison offre une véritable bulle spatio-temporelle à l’artiste. Objets chinés, tissus soyeux, meubles anciens, tableaux délicats, livres d’art, le terrain de jeux est infini ! C’est donc sur les bons conseils du marchand d’art et conservateur Oscar Humphries que François Halard accepte de capturer, durant 56 jours, les recoins et trésors qui composent son chez soi.

 

 

Les clichés, d’éternels Polaroïd, ne sont pas sans rappeler ceux photographiés par le peintre Cy Twombly. On y retrouve ce flou et ce jeu sur l’atténuation des couleurs. Les sujets sont similaires : agrumes, fleurs, vase, détails de décoration. Les deux hommes jouent avec les détails, l’instantanéité et le temps suspendu. Comme George Perec, François Halard, à travers cette série, ce journal du confiné, interroge l'habituel, l’infra-ordinaire. Entre obsession de la mémoire et références artistiques, le photographe tire l’essentiel de ces “choses communes”, triviales et futiles qui composent nos vies.

 

 

Mais malgré la douceur et la naïveté qui se dégagent de ces petites photos de l’intime, on ressent une certaine mélancolie. Celle d’un homme enfermé qui, dans un contexte mondial anxiogène, préfère s’arrêter sur le beau, ce magnifique plaisir volatil essentiel au bonheur.

 

 

Jusqu’au 28 février 2021 à la librairie Yvon Lambert, 14, rue des Filles du Calvaire, 75003 Paris