Photos : Nikolas Koenig
Le wabi-sabi… Derrière cette allitération mystérieuse et mélodieuse ne se cache pas un condiment à sushis vert fluorescent mais bien un concept spirituel et esthétique japonais. Leonard Koren, théoricien et architecte, définit ce courant ainsi : “C’est la beauté des choses imparfaites, impermanentes et incomplètes. La beauté des choses modestes, humbles et atypiques”. Le wabi-sabi est ainsi constitué de deux mots équivalents à deux principes : le wabi, qui fait référence à la plénitude et à la modestie que l’on peut éprouver en observant la nature et le sabi, qui décrit la sensation que l’on ressent lorsque l’on voit des choses patinées par le temps ou par les habitudes humaines.
À l’instar de l’ikigai, le wabi-sabi fait donc partie de ces concepts inhérents à la culture japonaise, compliqués à définir et tout autant difficiles à saisir pour nous occidentaux. Pourtant, depuis quelques années, et en réponse à une décennie de modes surchargées et associées à l’essor de la société de consommation des années 2000, le wabi-sabi fait son apparition dans nos intérieurs. Finis les décorations ostentatoires, le bling, l’accumulation ou les démonstrations de richesses ! Architectes et décorateurs d'intérieurs prônent dorénavant un retour rustique à l’art de l’épure et à l’artisanat…
L'authenticité de la nature est de rigueur : le bois et les pierres sont bruts, les couleurs dominantes sont éteintes, invitant au calme et à la méditation. Les objets, eux, sont d’une grande simplicité. On retrouve, entre autres, la céramique. Là encore, il y a plusieurs courants, la poterie “hagi” qui s'illustre par des tons neutres et une grande simplicité des formes. Et les céramiques “raku” aux coloris sombres, à l’aspect irrégulier et brut. Maître dans l’art d’associer ces éléments pour créer des univers à la fois épurés, authentiques et confortables, le galeriste et décorateur flamand Axel Vervoordt illustre avec brio cette tendance déco.
Hormis la beauté de ce courant esthétique, on ne peut que se réjouir lorsqu’un art de vivre encense la modestie au détriment de la perfection, lorsque l’on cherche l’essentiel et non plus l’accessoire, le secondaire. Voilà la quintessence du wabi-sabi.