Hommage à Ricardo Bofill
Décrit comme « l’un des derniers rêveurs de la modernité », l’architecte catalan Ricardo Bofill a développé en soixante ans de carrière et au travers d’une centaine de réalisations dans le monde, une vision unique, naviguant entre postmodernisme, œuvre vernaculaire et futurisme. Voici une petite rétrospective en son hommage, l’occasion de se souvenir de cet ovni avant-gardiste et utopique, qui nous a quittés vendredi 14 janvier.
La Fabrica
Sous des airs de ruine couverte de végétation se cache la forteresse de Ricardo Bofill. Bienvenue à la Fabrica, ancienne cimenterie de la Révolution industrielle reconvertie.Ce monumental lieu de vie abrite l’atelier RBTA (Ricardo Bofill Taller de Arquitectura), la résidence de l’architecte et de ses invités, les bureaux de sa famille, de dizaines d’architectes, et d’amis de passage qui composent la « tribu Bofill ».
Le Walden 7
Conçu en 1975, ce bâtiment constitue l’un des piliers architecturaux du maestro. Ce dernier propose une autre vision de l’habitat urbain inspirée des casbahs algériennes et marocaines. Cette citadelle d’ocre est un assemblage savant de cubes et de patios suspendus pour créer une « ville dans l’espace ». Une interprétation moderne de l’architecture vernaculaire, caractéristique des premières réalisations du Taller. Car la modernité au service de la mixité sociale c’est indéniablement ce vers quoi Ricardo Bofill tend : « La vie d’un architecte est faite deprojections.La mienne est un projet qui regarde en permanence vers l’avenir, plutôt qu’une histoire passée. ». Ces créations, usant de techniques et matériaux high tech, avec toujours une dimension humaine et un ancrage au lieu, en font la démonstration parfaite.
Le Castillo Kafka à Sitgès,
les résidences Xanadù et la Muralla Roja sur la Costa Blanca :
Le langage architectural de ces premières œuvres fait écho au constructivisme soviétique à un détail près : la couleur. Bofill décline une palette de roses, de rouges, de verts, de bleus ou d’indigos qui sculptent les volumes, évoluent avec le temps et font aujourd’hui le bonheur des photographes du monde entier.
Espaces d’Abraxas
Pour cette première réalisation française, bâtiment monumental de 47 000 mètres carrés divisé en 600 appartements situé à Noisy-Le-Grand, Bofill puise son inspiration dans les jardins de la Renaissance et les théâtres grecs. Le catalan détourne ici l’usage décoratif de l’art classique pour installer le « peuple » dans un décor de Versailles postmoderne.