Le musée Giverny des impressionnistes propose une expérience unique avec un dialogue entre les œuvres de Claude Monet et de Mark Rothko. L’exposition plonge le spectateur dans la contemplation de ce spectacle inédit, entre les œuvre du maître de l’impressionnisme et les peintures abstraites et colorées de Mark Rothko.
Les recherches sur l’impressionnisme le travail de Monet ont depuis quelques années poussé les chercheurs à étudier les grands peintres de l’abstraction. Beaucoup d’artistes de la seconde moitié du XXème siècle ont puisé leur inspiration dans les œuvres du maître de l’impressionnisme et notamment Mark Rothko.
L’exposition met en parallèle et croise six œuvres de Claude Monet et de Mark Rothko et éclaire sous un nouveau jour le travail des deux artistes.
Dans la première salle, on retrouve le tableau Le Saule pleureur de Monet, peint entre 1920 et 1922 dans les tons jaunes, violet, verts et rouges. La palette est très restreinte et il joue sur la concentration des couleurs. Ce principe d’adaptation de l’œil est repris par Rothko, dans son œuvre Light Red Over Black, présentée dans la même salle, effectuée en 1957. La toile a un fond rouge et au centre un rectangle noir est scindé en deux. L’œil se perd dans la couleur rouge et oublie le noir qui est pourtant au centre. La structure de l’œuvre est assurée par les couleurs et non les formes.
Dans la seconde salle, le spectateur fait face notamment à Pont japonais de Monet, en référence au pont que Monet fait installer dans son jardin et qui deviendra l’emblème de celui-ci. Monet veut traduire la force des éléments naturels, les frémissements des branches, le poids des feuilles sur l’eau... L’artiste utilise les touches de couleurs abstraites pour créer la dynamique et le mouvement de la poésie du monde. Rothko recherche également cet effet dans son œuvre datant de 1968.
Enfin dans la dernière salle, on se plonge dans la célèbre toile Untitled de tons verts et bleus de Rothko. Sur un fond bleu sombre, le peintre a esquissé une ligne verte décentrée qui vient perturber le regard. Les trois œuvres de Monet (Bras de Seine près de Giverny, Nymphéas et Nymphéas avec rameaux de saules) qui confrontent cette toile utilisent ce même processus de décentralisation du regard par l’emploi de touches de couleurs abstraites et lâches.
Le dialogue entre les œuvres de Monet et Rothko propose une expérience sensorielle et visuelle au spectateur qui est perdu dans un espace-temps propre à cette symbiose. Les peintures de Monet le ramènent immédiatement au cœur de ses émotions, dans l’intensité et l’immédiateté du moment alors que celles de Rothko le plonge dans une contemplation plus lente au fond de lui-même. Rothko propose une vision plus moderne de ce que Monet a conçu comme l’abstraction. Le spectateur sort déboussolé de cette expérience, dans un vertige artistique qui lui offre une nouvelle vision de l’abstraction et de la modernité.