Le lundi 13 septembre 2022, l’une des figures phares de l’avant-garde artistique du XXe siècle, source d’inspiration d’une myriade de jeunes talents, le photographe révolutionnaire William Klein, roi du noir et blanc et de la street-photography, nous quittait. Sa disparition à l’âge de 96 ans nous donne l’occasion de nous replonger dans son travail emblématique si caractéristique.
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Cet iconoclaste américain se fait tout d’abord connaître du grand public en 1956 lorsqu’il publie un des livres de photo les plus frappants et les plus mythiques de l’histoire (devenu aujourd’hui introuvable), Life is Good & Good for You in New York, consacré à sa ville natale. Y apparaissent les clichés de la foule new-yorkaise, une foule que le photographe décrit comme “unique, irremplaçable” et qu’il ne se lasse pas de capturer. William Klein ajoute à cette collection d’images floues et décalées, des mots, des publicités, des typographies de réclames et d’enseignes exprimant toute la folie consumériste de cette ville en proie aux prémisses du capitalisme. Le pop art s’annonce doucement sous cette critique non déguisée de la société américaine. Klein le dit lui-même : « Mes photos new-yorkaises sont d’un antiaméricanisme primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire ». Boudé par ses concitoyens, le photographe s’exile en France où son travail fait sensation.
S’ensuivent des années consacrées à la photo de mode chez Vogue qu’il parodie et critique ensuite au cinéma avec son film Qui êtes-vous, Polly Maggoo ?. D’autres films, des tableaux, des créations typographiques et photographiques s’ajoutent à son travail prolifique. Mais dans l’ensemble de ses créations, Klein garde son insolence et son caractère irrévérencieux. Jusqu’au bout, son art provoque, interpelle, fait rire, dérange et jamais ne se prend pas au sérieux.