Ce mercredi 26 octobre, s’enveloppant de cet outre-noir qui lui collait à la peau, Pierre Soulages nous as quitté.
Ce noir profond, « couleur de nos origines qui nous entoure avant de voir le jour », disait-il. Au cours de ses 102 années de vie, Pierre Soulages aura cherché la lumière dans l’obscurité la plus totale, et l’aura trouvée au coeur des reflets se trouvant à la surface de ses oeuvres. Par delà la lumière, « il s’agira (même) de sa réflexion sur les états de surface du noir. »
Grand indépendant tout au long de sa carrière, Pierre Soulages restera maitre de son histoire et reniera tout type d’affiliation bien qu’il soit une figure de proue de l’art moderne; trouvant son bonheur hors des sentiers du commun, en commençant par fuir les Beaux-Arts de Paris pour rejoindre son sud natal.
En ne nommant jamais ses oeuvres, il laissera la matière parler d’elle-même: penseur de peintures sans paroles, pour lui les sens qu’on leur prête viennent se faire et se défaire sans cesse. Lors de la retrospective en son honneur qui eut lieu en 2009 au Centre George Pompidou et qui lui parût un peu prématurée, Pierre Soulages en profitait alors pour pousser à son paroxysme les principes d’une expérience au delà du noir.
À l’aube d’une ère où Soulages n’est plus, il est alors difficile de trouver les mots justes afin de parler de son oeuvre magistrale, résidant elle-même dans l’expérience de sa présence. Il ne nous reste alors qu’à nous perdre à notre tour dans les méandres de ses outre-noirs au musée Soulages à Rodez - maitre lieu de sa créativité - , afin de laisser notre sensibilité s’exprimer et grandir dans le creux de ces contemplations. Un hommage national sera rendu aujourd’hui, mercredi 2 novembre 2022 au Louvre à 15h00, lieu où il avait d’ailleurs fêté ses 100 ans en 2019 lors d’une exposition organisée dans le Salon Carré.
