Balade chez David Hockney

À l’ouverture du musée Dali à Figueres en 1974, les visiteurs avaient découvert une mise en scène en trois dimensions du tableau déjà culte “Visage de Mae West pouvant être utilisé comme un appartement” et rêvaient de pouvoir circuler entre le fauteuil-lèvres et le nez-cheminée. À l’occasion de la Paris Design Week, Amélie Maison d’Art associée à la curatrice Johanna Colombatti proposent aux visiteurs d’entrer dans une autre toile iconique. 

Et pour nous inciter à mettre littéralement un pied dans l’art, quoi de mieux que l’univers fourmillant et chaleureux du pape britannique du pop art David Hockney. Après trois collaborations autour de l’art textile, la galerie et la curatrice ont choisi de s’inspirer cette année d’“Interior with a lamp”, peinte en 2002. Cette image d’un salon coloré et hétéroclite offrait la possibilité de réinventer l’espace de la galerie, avec ses grandes fenêtres et la vue sur un jardin discret du sixième arrondissement. Tout en faisant un clin d’oeil à David Hockney - peintre de paysages naturels ou artificiels, parfois peuplés de ses êtres aimés, fluctuant entre les couleurs pastels et franches, comme entre son Angleterre natale et la Californie qu’il aime tant, et désormais la Normandie où il réside. 

Pour mimer un univers où la peinture et la matière sont visibles, ont été invités à collaborer au projet des artistes représentés par la galerie, ainsi que des designers ou des maisons de création d'intérieur. La maison textile Elitis a par exemple confectionné un fauteuil ocre aux motifs 70s. Quatre tapis formidables de Mathilde Labrouche reprennent les vagues peintes au sol de son salon par Hockney avec leur grain spécifique du tracé au pinceau. Les lampes de Rémy Bracquemont et Alexandre Benjamin Navet mimant également le coup de pinceau de l’artiste nous plongent dans cet univers de papier. 

L’effet d’ensemble est bluffant et ressemble à s’y méprendre à la composition originale de la toile, mais de plus près, on découvre les détails de sa réinterprétation imprégnés de l’ADN de la galerie. L’équipe s’est amusée d’heureuses coïncidences. Elle possédait déjà dans sa collection une photographie de chaise “Torremolinos” par l’artiste Yosigo ou des arabesques de la peintre Sophie de Garam - ressemblant à s’y méprendre aux cadres esquissés par Hockney autour de sa cheminée jaune. Celle-ci, ainsi que la bibliothèque réalisées en trompe-l’œil par Sophie de Garam aussi, nous rappellent avec humour les chevauchements entre la réalité et la création. 

Amélie Maison d’Art s’est vu prêter le très rare et non moins gigantesque “Bigger book of David Hockney” édité par Taschen, qui trône dans l’installation comme une autre mise en abîme et peut être consulté par les visiteurs. Même les livres posés sur la table basse, ont été soigneusement choisis, comme “L’éloge de la plage” de Gréogry le Floch - micro-hommage dans l’hommage au peintre de l’eau qu’est Hockney,avec “The Bigger Splash”, toile incontournable de l’histoire du pop art qui saisit les éclaboussures la seconde après un plongeon dans la piscine d’une villa californienne. 

Tantôt jeu des différences, tantôt fantasme réalisé pour les adorateurs d’Hockney, l’installation nous rappelle que “l’art doit envahir la vie”, comme le disait Dali, et que l’art, le design et donc le confort et l’intime sont indissociables.

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