Parcs des Princes

Dans le cadre des Jeux Olympiques et de la coupe de l’UEFA, nous vous invitons à revisiter divers chefs-d'œuvre sportifs !
Parmi ces œuvres, Nicolas de Staël a capturé l'essence d'un match de football ordinaire. Sur une toile de grande dimension, ses touches colorées, jetées avec une rapidité folle sur le gazon, transmettent toute la force du match observé.
À la une du journal « L’Équipe » du jeudi 27 mars 1952, on pouvait lire : « Grande foule, mais jeu décevant sur le plan international, hier soir au Parc ». Le seul fait marquant étant que ce match s’est joué pour la première fois en nocturne. Bien que ce match n'ait pas marqué l’histoire du football français, il a laissé une empreinte dans l’histoire de l’art. Cet événement a en effet donné naissance à ce qui est peut-être le chef-d'œuvre de Nicolas de Staël, et certainement une des grandes œuvres du XXe siècle : « Parc des Princes ».

Cette confrontation sportive sous l’éclat vif des projecteurs a été une véritable révélation pour l’artiste qui, dans son atelier, travaille souvent sous lumière artificielle. Cette fois-ci, il a pu observer les effets de cet éclairage à une échelle monumentale. Il a immédiatement entrepris une série de petites peintures pour capturer « à chaud » ses impressions. « Le peintre, de cette même nuit qui avait vu ce match flamboyant, ne put se résoudre à aller se coucher », écrit Anne de Staël, fille de l’artiste. « Il voulait maintenir cette flamme vivante, il en ravivait l’éclat pour qu’elle perdure. Il travaillait à la frontière du réel et de l’imaginaire, à révéler des profondeurs sous une apparente surface. Il a immédiatement esquissé quelques croquis pour saisir un début, un mouvement. »

Parc des Princes
Parc des Princes
Nicolas de Staël
Nicolas de Staël
Pour réaliser cette vaste composition, Staël utilise un nouvel outil, un morceau de tôle découpée, en plus de ses spatules habituelles. Cette tôle lui permet d’étendre de grandes étendues de couleur crémeuse, séparées les unes des autres par des « coutures ». Le tableau est illuminé par des blancs riches, parfois réchauffés par une touche de rose ocré, parfois teintés de bleu. L’art du coloriste atteint ici son apogée. La multiplication des lignes obliques confère à la composition un dynamisme formidable, exprimant toute la puissance du choc du match en direct. Longuement mûrie à travers des travaux antérieurs, cette toile est un chef-d'œuvre d’énergie concentrée.
Avec ce tableau, Nicolas de Staël met fin à la dichotomie entre figuration et abstraction. « La peinture ne doit pas seulement être un mur sur un mur », déclare-t-il, rejetant l'opposition entre abstraction et figuration : « Une peinture devrait être à la fois abstraite et figurative. Abstraite en tant que mur, figurative en tant que représentation d’un espace. »