L'antiquité égyptienne couvre une période de plus de trois millénaires ; une telle longévité culturelle est une rareté dans l'histoire de l'Humanité.
Dans la peinture égyptienne il ne s'agit pas de rechercher ni un idéal du Beau, ni un idéal du Vrai ; il s'agit d'offrir à l'observateur une sorte de chronique de la vie quotidienne de l'époque sachant que l'Art et la Religion sont indissociables.
Les égyptiens aiment la couleur, ainsi la vocation principale de la peinture reste la décoration des édifices (temples, palais, tombeaux, obélisques, etc.).
Les artistes reçoivent une éducation privilégiant le respect d'un savoir faire ancestral dans lequel le dessin constitue l'élément primordial ; pas d'originalité ni d'individualisme (à noter que c'est l'ambition suprême de nombreux artistes d'aujourd'hui ! ).
La peinture murale égyptienne n'est pas une fresque : la fresque suppose l'application de la peinture sur un enduit encore humide. Dans l'Egypte ancienne on recouvre la paroi d'une couche de stuc (mélange de chaux, de sable et d'un liant) qu'on laisse sécher. La peinture sur papyrus, toile de lin, bois, existe aussi, mais la fragilité du support n'en permet qu'exceptionnellement la conservation (le plus célèbre est le papyrus d'Hounefer en -1310).
La surface à peindre est divisée en deux, une partie sera destinée aux hiéroglyphes et l'autre aux illustrations. Cette dernière est recouverte d'un quadrillage (grille de proportion qui est le carroyage) fait de cordes imbibées d'encre rouges. Un scribe dessinateur délimite les objets et les personnages, adoption du contour selon la tradition préhistorique avec une loi la Frontalité, sans aucun souci de perspective. Le peintre viendra ensuite jouer avec ses couleurs, comme un coloriage ! Les pigments colorés sont d'origine minérale : carbonate de cuivre pour le bleu, oxyde de fer pour le jaune, la palette de couleur est réduite, il existe une symbolique des couleurs et un code de représentation très précis qui les régit. Ces pigments sont mélangés à de l'eau plus un liant (gélatine, albumine ou gomme d'acacia) : c'est la technique de la Tempera (exemple : ce célèbre décor funéraire, Les oies de Meidoum en -2250 ). Les pinceaux sont avant tout des calames : roseaux ou joncs taillés en pointe auxquels sont ajoutés parfois crin de cheval, des cheveux ou des fibres végétales.
Finalement, ce qui fait pour nous le charme et l'originalité profonde de l'art égyptien, semble provenir du cadre normatif très contraignant de la création. En effet, l'individu se soumet entièrement aux règles du groupe. Ces constantes de longues durées (plus de 2000 ans !) sont particulièrement "sécurisantes" pour nous occidentaux soumis aux changements perpétuels. On ne retrouve des textes glorifiant l'originalité de certains artistes qu'à l'Antiquité grecque avec Zeuxis par exemple !
La peinture égyptienne est un art collectif d'hommes croyant en l'immortalité ; c'est un art conçu pour l'éternité.
L'aile égyptienne du Louvre (fermée le vendredi attention) permet de plonger dans cette éternité !
Antiquités égyptiennes au Musée du Louvre
Peinture murale égyptienne au Louvre