Le temps du rêve
Le socle de la peinture aborigène est ce que l’on appelle le « temps mythique du rêve" : le temps qui a initié la vie dans le monde, le temps de la création par les Grands Ancêtres, ceux qui ont crée l’univers, les sites sacrés, les coutumes, etc. Ces grands ancêtres sont au coeur de pleins d’aventures, une sorte de grande odyssée que les aborigènes continuent de célébrer, de chanter, de danser et de représenter. Le temps sacré, celui des Grands Ancêtres, continue à nourrir la vie du temps profane et il faut continuer à le faire vivre. Donc, chaque aborigène, par le chant, la danse, la peinture a un rôle pour faire vivre ces mythes.
Le tableau correspond donc à une sorte de chant religieux qui décrit une aventure et comme dans une litanie dans laquelle il y a des refrains, les motifs se répètent. Le mouvement perpétuel de chaque oeuvre vient notamment de cette répétition.
Faire continuer à vivre l’histoire des Grands Ancêtres
Chaque oeuvre est donc une histoire des Grands Ancêtres. Pour comprendre cette histoire il faut savoir d'où elle vient car chaque groupe d’appartenance à ses motifs. Et tous les motifs ont leurs symboliques : les dunes de sable, un trou d’eau, une fleur, un poisson, un fruit, etc. tous les détails de la création du monde.
Les petits U sont par exemple des personnages : comme les oeuvres sont réalisées à plat, tout est vu "d’en haut", du regard des Grands Ancêtres, et donc un personnage vu de haut est bien un tronc et deux bras donc une sorte de fer à cheval. Un rond rempli de couleur est souvent un point d'eau.
La force de cette civilisation réside dans le respect de son Histoire et son obsession à transmettre ces rituels et ces savoir-faire. C’est d'ailleurs la plus ancienne technique picturale du monde : on en retrouve des traces dans la pierre il y a plus de 40 000 ans (deux fois la grotte de Lasco !) et depuis cette spiritualité s’est transmise de génération en génération dans tous les groupes d’appartenance sans interruption depuis la nuit des temps.
L’universalité des oeuvres
Chaque oeuvre doit nous transporter dans un ailleurs ; c’est notamment pour cela qu'elles sont sans limite, sans cadre.
Lors de sa réalisation, l’artiste est immergé, il travaille à plat sur le sol. Les oeuvres se voient dans tous les sens pour représenter un monde complètement universel. Parfois l'oeuvre converge vers un point central, le centre de l'univers.
L’universalité se retrouve dans les motifs aussi : un poisson, une fleur, une pierre, un lac, la mer, etc. et dans les matières qui sont très diverses.
L'oeuvre Bush Leaf représente une petite plante du bush dont les feuilles se referment quand on la touche. La seconde représente notamment des mers et des lacs (les ronds noirs).
Les oeuvres sont souvent des objets à al fois d’usage et de cérémonie : un bouclier ou une lance pour chasser mais aussi pour danser et célébrer un rite.
Le fait que chaque artiste soit anonyme renforce également cette universalité, tout le monde participe et doit participer à cette célébration du temps sacré.
Pour en savoir plus nous vous invitons à regarder la vidéo d’un des plus grands spécialistes des l’art aborigène australien, Stéphane Jacob qui travaille au Musée des Confluences de Lyon : https://www.youtube.com/watch?
Bush Leaf
Ningura Napurrula