Dans le jardin des Tuileries, l'Orangerie nous ouvre ses portes ; admirablement restaurée et transformée par l'architecte Olivier Brochet : ce musée est un écrin bien mérité pour les Nymphéas de Monet ; véritables bijoux, racines de l'art abstrait.
À la fin de la guerre de 14-18, Monet offre à la France ses Nymphéas. Il veut offrir aux parisiens un espace calme, à l'écart de l'agitation de Paris ; un lieu de méditation paisible et de contemplation devant la nature peinte, où le regard pourra se perdre "à l'Infini"... Le Lieu est ainsi trouvé : "au centre d'un aquarium fleuri " nous dira-t-il.
Ces "Décorations" aux Nymphéas sont l'aboutissement de toute sa vie. Conçues de 1914 jusqu'à sa mort (1926) elles s'inspirent du "jardin d'eau" de Giverny. Le regard se noie dans ses huit panneaux qui rythment le temps d'une journée qui passe, depuis le matin (à l'Est) jusqu'au coucher du soleil (à l'Ouest)... Variations de la lumière qui joue dans les feuillages et les reflets de l'eau... C'est prodigieux de beauté ! Et le regard s'y perd : ni horizon, ni haut, ni bas, les éléments : eau, ciel, terre, air, s'y mélangent, sans perspective... pour seul repère ces fleurs de nymphéas qui reposent à la surface de l'eau. On peut passer des heures ainsi, à contempler "l'illusion d'un tout sans fin, d'une onde sans horizon et sans rivage"...
Il faut s'arracher à "ce temple" ; magie du lieu qui nous retient... Et descendre d'un étage pour découvrir la collection Jean Walter et Paul Guillaume : Renoir, Cezanne, Rousseau, Modigliani, Laurencin, Matisse, Picasso, Derain, Utrillo, Soutine... Se partagent cet admirable sous-sol.
Paul Guillaume est garagiste ; en 1911 il expose dans les vitrines de son garage des statuettes africaines qui attirent l' attention du poète Guillaume Apollinaire, qui deviendra son mentor. En 1912 il ouvre sa première galerie et devient collectionneur ; il dirigera la revue "Les arts à Paris" et deviendra ainsi le mécène de Picasso, Soutine, Derain, Marie Laurencin...
À la douceur d'un Renoir, Paul Guillaume n'hésite pas à lui opposer la violence d'un Soutine ; Soutine dont l'Orangerie possède la plus grande collection en Europe.
Et puisque nous sommes aux Tuileries, ce serait dommage de passer devant le Jeu de Paume sans s'y arrêter... ( Ismail Bahri : instruments et Ed van Derain Elsken : La vie Folle ) nous font partager la passion de la photo.
André Malraux à l'inauguration de l'exposition de la collection Jean Walter-Paul Guillaume, devant Les Trois Sœursd’Henri Matisse, 21 janvier 1966 © Keystone France/Getty images
Jardin des Tuileries, Place de Concorde
75001 Paris
Ouvert de 9h à 18h, dernier accès 17h15 - Fermé le mardi