La danse est réalisée en 1909, période de pleine maturité artistique pour Henri Matisse.
Il s'agit de son tableau le plus célèbre. Le collectionneur russe Chtchoukine, grand amateur d'art français du début du XXe siècle (on se souvient de l'exposition récente de sa collection à la fondation Vuitton), lui commande 2 tableaux pour décorer l'escalier de son palais de Moscou : la Danse et la Musique qui symbolisent l'action, la passion et la contemplation.
La Musique - Matisse
La Danse - Matisse
La Danse est très caractéristique de la période fauve de Matisse. C'est un très grand format (260/391). Il représente cinq danseurs nus, asexués, faisant une ronde en se tenant par la main. Le rythme semble endiablé, les têtes sont baissées. Matisse nous dit que ce n'est pas l'individu qui est important mais le groupe et son unité... Le danseur du centre a lâché la main de son voisin, comme une invitation "à nous faire entrer dans la danse" ! On y verrait presque un rite païen, une communion primaire, un retour à la nature. L'impression de mouvement est prégnante, les danseurs semblent entièrement livrer à leur art. Matisse n'utilise que les trois couleurs primaires : le rouge pour les personnages, le vert de la colline et le bleu du ciel. Les formes sont simplifiées et le contraste des trois couleurs est assez violent mais c'est très caractéristique du fauvisme.
La représentation est passée au filtre de la sensibilité de l'artiste, il transmet une émotion qui élève l'esprit.
On y perçoit l'influence du tableau "La joie de vivre", peint par Matisse en 1905 et inspiré par la danse de la Serdane effectuée par des paysans sur la plage de Collioures...
Le corps androgyne des danseurs est réduit à l'essentiel les courbes dominent, rythment et s'adaptent au format du tableau. On y reconnaît sans conteste l'influence des motifs décoratifs des céramiques grecques "à figures rouges" (-530 AvJC) que Matisse allait admirer au Louvre ainsi que celle du primitivisme (art "nègre") et les dessins de Rodin ! Mais sa rencontre avec Isadora Duncan (via les Stein) et les farandoles au Moulin de la galette seront aussi des sources d'inspiration. "Matisse aime la cuisse" et il est fasciné par la gaieté de ces bals populaires !
Il y a deux versions de ce tableau : la première est conservée au MAM de NY, l'autre au musée de l'Ermitage à Saint-Petersbourg.
La Danse - Version du musée de New-York
En 1932, Matisse réalise la Danse II (fresque tryptique) commandée par le docteur Albert Barnes pour sa fondation de Philadelphie. Une fresque qui prend possession et qui fait corps avec l'architecture du lieu. Trois panneaux d'huile sur toile, trois "lunettes semi-circulaires" de 3,50 sur 13 m de long. L'expression du mouvement et la mise sous tension des lignes et des couleurs nous font ressentir l'élan vital qui anime le mobile aussi bien que l'immobile. "Force couleurs", "Directions d'énergie" traduira-t-il !
La Danse II
La version "La Danse inachevée" que l'on peut admirer salle Matisse, au musée d'art moderne de Paris, est en fait une erreur du peintre qui s'aperçoit qu'il s'est trompé dans les dimensions ...