Connaissez vous l'histoire du fabuleux tableau La Nuit étoilée ?
Van-Gogh (1853-1890) a un tempérament lunatique et agité. En février 1888 il quitte Paris pour le sud de la France et s'installe à Arles. C'est alors qu'il commence à peindre ses touches courbes et tourbillonnantes qui semblent dotées d'une vitalité physique et spirituelle. Il utilise des couleurs pures, du jaune, du vert, du bleu pour peindre des paysages et des scènes de la vie méridionale. C'est dans cet enthousiasme que Vincent Van Gogh persuade Paul Gauguin (qu'il a rencontré à Paris) de le rejoindre.
Vincent Van Gogh (troisième en partant de la gauche) et Paul Gaugin (le plus à doite)
Ils travaillent côte à côte depuis presque deux mois lorsqu'une grave dispute, devenue célèbre, éclate : Van Gogh menace Gauguin avec un rasoir !
La même nuit Vincent se tranche une oreille. Quelques mois plus tard, suicidaire, il se fait interner de son plein gré dans un hôpital psychiatrique à Saint Rémy-de-Provence. Il peint avec acharnement : son état varie de la dépression profonde à une intense activité et on retrouve dans ses tableaux le mouvement même de sa pathologie.
Jardin de l'hopitâl d'Arles
Un grand nombre de chefs d'œuvre date de cette période dont le tableau qui nous intéresse : "La Nuit étoilée", l'une des plus belles toiles de l'artiste post-impressionniste.
C'est par la belle nuit du 17-18 juin 1889 que Vincent Van Gogh, depuis sa cellule, peint ce ciel étoilé. C'est une huile sur toile de 74 sur 92 cm conservée au Museum of Modern Art de New-York.
Au tout premier plan un cyprès "auréolé" se découpe sur un ciel tourmenté ; on entend presque le vent souffler, des étoiles scintillent (Vénus, l'étoile du berger, est particulièrement brillante cette nuit-là) et un croissant de lune brille (mais on remarque que la lumière ne se diffuse pas). On devine là-bas un petit village et son clocher, au pied des Alpilles. Le cyprès et le clocher servent à créer la profondeur du tableau. Le cyprès, l'arbre des cimetières, symbolise la mort qui nous fait passer de la terre aux étoiles et le clocher de Saint-Remy supporte le déchaînement du ciel !
Des fenêtres sont encore éclairées malgré l'heure tardive. Toutes les nuances de bleus et de verts rendent cette nuit féerique, magique et un peu mystérieuse mais on ressent malgré tout, dans cette nuit d'insomnie, toute la solitude de l'artiste malade. Ce tableau ne serait-il que l'expression spontanée d'une démence ?
Le ciel est fluide et ondule comme une vague qui déferle mais Vincent Van Gogh, pas si fou, impose aussi l'ordre et l'éternité d'un ciel étoilé.
Cette toile ne serait-elle pas plutôt caractéristique d'une libération pour le peintre ?
- "Souvent il me semble que la nuit est encore plus richement colorée que le jour..." (Lettre à sa sœur en septembre 1888).
Il écrira à Émile Bernard : "Mais quand donc ferai-je le Ciel étoilé, ce tableau qui toujours me préoccupe ?"
On retrouve dans ce tableau l'inspiration du peintre pour les estampes japonaises et au-delà de la folie c'est bel et bien une maîtrise évidente : tout y est calculé dans les moindres détails.
En mai 1890, Vincent Van Gogh quitte le midi et rejoint son frère Théo à Paris. Quelques mois plus tard, le 27 juillet 1890, il se tire un coup de revolver et meurt deux jours plus tard... Dès lors, une étoile de plus brille dans le ciel.