Une grande porte bleue patinée cabossée (que je n'arrive jamais à bien fermer), quelques étages à grimper et bienvenue chez Natalia Jaime Cortez...
Natalia travaille le papier avec des pigments, des jus et des plis. La gestuelle est au coeur du travail de l'artiste qui est d'ailleurs familière des performances.
Elle vient d'abord assembler des papiers japonais particuliers, très fins et absorbants. Puis elle les plie minutieusement et vient les tremper, comme un rituel, dans des bains de pigments aux couleurs éclatantes. Le temps de séchage est long. Patience. L'opération est parfois répétée. Puis, vient le moment magique, le moment de l'ouverture, du dépliage. Le pli fait office de pinceau et marque la trame du papier. Les plis captent de façon plus ou moins marquées la couleur et cette alchimie fait naître le dessin.
On aime le contraste entre la parfaite maîtrise du procédé et la place laissée au hasard au moment des "bains".
Dans sa nouvelle série, que je suis très heureuse de découvrir aujourd'hui, il y a deux nouveautés : le traitement de la couleur et le cadre.
La couleur est désormais plus monochrome et délavée. C'est comme une "arrière-couleur" puisqu'il s'agit de "jus" réalisés par l'artiste (des pigments dilués dans de l'eau). Ces jus sont passés en couches successives sur le papier. Ensuite, Natalia entoure ce travail d'un cadre tracé au pastel.
Cette série s'appelle les Rondes, elles fonctionnent à 5 et se répondent comme un cycle. Des traces de pigment, un fer à repasser pour tendre les papiers, un radiateur pour se réchauffer l'hiver et du beau !
Retrouvez le travail de notre artiste sur sa page.