L'exposition est au premier étage du musée Jacquemart-André, ce qui nous laisse le plaisir de traverser les appartements privés de Nélie et André Jacquemart.
Bonheur aussi simple que d'emprunter cet escalier conçu par Henri Parent, construction féerique de marbre, de pierre, de fer et de bronze, d'une légèreté et d'une grâce surprenante.
On ne fait pas la même lecture du travail de Mary Cassatt des deux côté de l'Atlantique. Mary Cassatt produit beaucoup de maternités et elle célèbre la vie des femmes avec beaucoup d'empathie. En France on l'interprète comme une modernisation de la Madone à l'Enfant, alors qu'aux États-Unis on voit plus simplement le témoignage d'une femme qui parle des femmes et de leur vie ; c'est presque déjà un combat féministe. Son coup de pinceau est impressionniste, on apprécie la légèreté du toucher qui rend si bien la douceur et le velouté de la peau du bébé et de sa maman.
Elle s'installe à Paris à partir de 1865 et se fait un nom à l'égal de ses amis impressionnistes : "J'acceptais avec joie de rejoindre le groupe des impressionnistes... déjà j'avais reconnu quels étaient mes véritables maîtres. J'admirais Courbet, Manet et Degas. Je haïssais l'art conventionnel. Je commençais à vivre...". Sa rencontre avec Edgar Degas est un tournant dans sa carrière et c'est lui qui l'impose dans le cercle des impressionnistes. Une amitié qui durera quarante ans et qui marquera fortement l'art des deux artistes.
Ses tableaux nous séduisent par "leur fraîcheur". Ils parlent de la vie moderne, des femmes dans leur quotidien, de femmes et de mère. Elle nous fait rentrer dans leur intimité en dévoilant avec sensibilité l'ambiance du moment saisi. Ses gravures et ses estampes sont d'inspiration japonaise. La ligne est "flottante" et légère, c'est coloré et ça nous plait.
On aurait eu tendance à classer Mary Cassatt dans un rôle de peintre mièvre aux antipodes de la libération de la femme. Pourtant elle ne s'est jamais marié, n'a pas eu d'enfant et fut l'amie des plus influentes féministes américaines du début du XXe siècle. En sortant de l'exposition on se dit malgré tout que tous ces tableaux sont "bien peints mais un peu "ennuyeux"... mais il faut y voir "un regard conventionnel sur ce monde de privilégiés, auquel elle-même appartient... Un monde où l'on sert éternellement le thé..." Et être une femme à cette époque ne facilitait pas les choses. Elle a choisi la peinture pour le dénoncer.
Zeuxis vous salue... et vous attend dans son art Room rue Clauzel pour son exposition "Floraison" et pourquoi pas autour d'un thé en compagnie d'Amélie...?
Exposition Mary Cassatt du 9 mars au 23 juillet 2018
Ouvert tous les jours de 10h à 18h, nocturne le lundi jusqu'à 20h30