Hans Hartung est un peintre français (si si) d’origine allemande né en 1904 à Leipzig, et mort en 1989 à Antibes. Il est l’une des grandes figures de l'art abstrait et le père du mouvement que l’on appelle l’abstraction lyrique.
Il a eu une enfance heureuse à Dresde dans une famille de médecins ayant un goût prononcé pour la peinture. Curieux et assidu à l’école, il aime l’astronomie et se souvient qu’enfant, à ses 6 ans, pendant un orage qui grondait :
« sur un de mes cahiers d'école, j'attrapais des éclairs dès qu'ils apparaissaient. Il fallait que j'aie achevé de tracer leurs zigzags sur la page avant que n'éclate le tonnerre. Ainsi, je conjurai la foudre. »
Son père, cultivé, le pousse à étudier l’histoire de l’art : « si tu veux peindre, tu dois savoir autre chose" !
Il découvre ainsi Rembrandt, Goya, Le Greco qu’il admire et copie même leurs oeuvres en les simplifiant sans complexe en de grandes masses colorées.
A 22 ans, ils réalisent ses premières aquarelles abstraites, notamment au fusain. A 24 ans, après ses études, il parcourt l’Europe et va faire la rencontre de Anna-Eva Bergman au Pays-Bas, une jeune peintre scandinave qu’il va épouser en 1929. Il peint de plus en plus et va exposer la première fois en 1931, à ses côtés.
Amputé de la jambe droite pendant la seconde guerre mondiale après s’être engagé dans la Légion étrangère en 1939 pour lutter contre les nazis, il se réfugie en France et est naturalisé français.
On reconnait son travail à sa manière de crayonner à traits rapides sur des papiers ou de les battre avec un pinceau que l’on devine peu usuel.
Au fur et à mesure de son affaiblissement physique, il adapte sa technique avec de nouveaux outils, lames, pistolets de carrossier, balais, brosses, branches, râteaux, etc. . On parle d’ailleurs du « bruit de la création » car, le travail d’Hartung fait du bruit !
Hartung était aussi photographe, une dimension inconnue de son parcours mais influente dans la construction de sa peinture : on retrouve dans ses clichés l’obsession des formes, des structures et surtout des lignes. « La ligne est le résultat d’une force, la ligne elle-même devient force dans la composition plastique ».
Dans une émission télé de 1969 - l’Amour de l’art - Hartung est décrit comme un « battant », acharné et travailleur, le vocabulaire qu’on lui associe traduit également les caractéristiques de sa peinture : « champ d’action, violence des gestes, caractères anarchiques, force intérieure, éclatement, coups de pinceaux, tumulte ». Il le dira lui-même « dans ma manière d’agir j’irai toujours à l’extrême.
Dans les années soixante, il devient l’un des chefs de fil de l’abstraction lyrique, mouvement artistique basé sur une gestuelle spontanée et relâchée : tracés à bout de pinceaux, énigmatiques et explosions soudaines. Il commence alors à intéresser le marché del l’art. Il dira avec ironie qu’en 43 ans il n’avait vendu que 3 tableaux et « qu’ensuite ça a commencé lentement, lentement…après cet éternel pauvre-riche, riche-pauvre ».
Elu en 1977 à l'Académie des beaux arts, le Centre Pompidou organise une exposition de ses gravures et lithographies, il reçoit en 1981 le prix Kokoschka créé par le gouvernement autrichien et de nombreuses autres récompenses en Allemagne et en Norvège les années qui suivent.
A la fin de sa vie, Hartung peint encore mais au pistolet à peindre ce qui lui a d’ailleurs permis de réaliser plus de trois cents toiles l’année de sa mort à 85 ans ! Lui qui reprenait Malraux en affirmant « L'art me paraît être un moyen de vaincre la mort ».
Cette année, une belle exposition au Fonds Hélène et Edouard Leclerc pour la culture, « Hartung et les peintres lyriques » sert d’introduction a une belle retrospective prévue à Beaubourg en 2019-2020.