Plusieurs expositions justifient d'aller faire un petit tour à Beaubourg...
On peut même y passer la journée si on est " fans " du cubisme. L'exposition tient le mur au dernier étage jusqu'au 25 février 2019 et nous donne un aperçu très complet du cubisme à Paris, " sa ville de naissance " dans les années 1907-1917.
Influencés par les arts-primitifs, Gaughin, Cezanne... Georges Braque et Pablo Picasso sortent ensemble. Lequel précède l'autre ? C'est une bonne question ! Des canons de la représentation traditionnelle. Dans les tableaux présentés, il est difficile pour le néophyte que je suis de discerner un Braque d'un Picasso ; on sent qu'ils se regardent mutuellement, ils se provoquent, ils se défient. Ils inventent ainsi un nouveau langage visuel et conceptuel : plus de perspective, les formes sont géométriques, aplaties et frisent l'abstraction, les teintes sont décolorées, des bruns, des gris... Les matériaux utilisés sont pauvres, c'est presque du bricolage... Plans et facettes se juxtaposent. Assemblages et collages se déploient dans des constructions pleine de fantaisie... c'est le cubisme.
Bien-sûr, d'autres artistes entourent nos deux compères ; on retrouve Fernand Leger, Juan Gris, Henri Laurens, c'est comme ça que le cubisme deviendra un mouvement : " un cubisme écartelé " dira Appolinaire en 1912, qui évoluera vers plus de couleurs, un retour au sujet, de la poésie... C'est la Grande Guerre qui met un point final à la révolution cubiste mais on ressent encore son influence sur l'art du 20ème siècle ; les dernières salles nous présentent des très beaux tableaux de Sonia et Robert Delaunay, de Piet Mondrian, de Kasimir Malévich, de Picabia, de Henri Matisse...
Au même étage, dans un style plus déjanté, on va à la rencontre de Franz West (1947-2012). Plus de deux cents œuvres nous sont présentées pour cette première grande rétrospective de l'artiste, un des plus influents de ces cinquante dernières années. Autrichien, esprit libre et indépendant, individualiste et sceptique. Il joue de son sarcasme. Ses sculptures brouillent les frontières entre l'art et la vie. Il inverse les catégories du laid et du beau, du repoussant et de l' attractif, il nous balade dans nos propres contradictions. A vous de voir...
Avant de redescendre, on peut toujours aller " se rincer " l'œil à l'exposition permanente du musée Georges Pompidou... C'est reposant et rassurant d'être en " zone maîtrisée "... Et enfin allons découvrir, au rez de chaussée galerie 3 niveau 1, " Le Défi " de Tadeo Ando. Tadeo Ando est une figure majeure de l'architecture contemporaine. Né en 1941 à Osaka au Japon, son travail est d'une extrême pureté ; les formes architecturales sont destinées à procurer un sentiment aigu du lien " Espace-Temps ". On retrouve dans cette rétrospective tous ses grands principes de création : le béton lisse, la lumière, l'eau... et son rapport à la nature. Autodidacte et ancien boxeur professionnel, dès son plus jeune âge il recopie les schémas de Le Corbusier. On découvre dans cette expositions près de 50 projets majeurs (dessins, maquettes, diaporamas, carnets de voyage, photos)... On peut aussi y passer la journée.
Chaque année je me dis qu'on ne nous y reprendra pas ! Et puis voilà on se retrouve le 23 ou pire encore le 24 décembre... hagards, gelés à arpenter les trottoirs ou en nage dans les Grands magasins, à chercher " l'idée géniale " qui comblera chacun au pied du sapin... Pour finalement se battre pour attraper la " dernierécharpencachemiregrise " parce que sinon je risque de me perdre sur un terrain trop dangereux...