C’est l’événement parisien du mois de février. Mardi dernier La Fondation Louis Vuitton a fêté en grande pompe l’arrivée de la collection impressionniste du collectionneur anglais.
Pour la première fois de son histoire, la collection est exposée en dehors du Royaume-Uni. L’exposition se situe au sous sol de la fondation et pour l’occasion l’exposition se divise en 7 salles, superbement scénographiée, présentant des chefs-d’oeuvres impressionnistes français …un retour à la maison !
Notre coup de coeur est une des toiles phares de l’exposition : La Loge (1874) de Auguste Renoir.
Les deux modèles de ce tableau sont le frère de l’artiste, Edmond Renoir et Nini Lopez. Cette dernière, connue sous le nom peu glorieux de « Nini-Gueule-de-Raie » pose pour la première fois face au talent de Renoir. Ce premier tableau marquera le début d’une longue amitié, qui prendra fin le jour où Nini épousera un acteur, allant à l’encontre de l'avis de sa maman et de l’artiste qui aurait voulu lui permettre d’accéder à un mariage bourgeois.Le talent de l’artiste se reflète dans la manière de peindre son modèle: son aspect juvénile, ses traits fins montrent la douceur de cette dernière, mais également son malaise. Malaise dans sa tenue, mise en avant comme une critique face à l'importance des apparences durant ces années.
D’un point de vue « architectural », Renoir signe une oeuvre très intéressante et plus compliquée qu’une scène de deux amis-amants étant à l’Opéra. Le jeu autour de la notion du paraître, de la vision et du regard mérite que l’on s’y penche un instant. Il y a une double opposition dans ce tableau. La première concerne le frère qui n’a pas l’air d’être intéressé par le spectacle et semble utiliser ses jumelles pour regarder voir même espionner (étant positionné en arrière plan) l’assemblée se trouvant juste au dessus de lui. Rappelons-nous tout de même que l’endroit en question est le poulailler, l'étage de l'Opéra où se trouvent les moins fortunés - problématique chère à l’artiste.
Nini quant à elle, toute apprêtée regarde devant elle, non pas la scène mais montre par sa posture, et son faciès qu’elle sait qu’elle est observée. Socialement Nini joue le rôle d’une "bien née" et est au centre de l’intérêt, et Edmond peut intéressé par sa compagne préfère regarder à l’endroit où Nini aurait du-être.
Bref, vous l’aurez compris, l’exposition mérite d’être vue rien que pour voir, revoir, relire et écouter une énième fois les histoires de ces peintres impressionnistes exceptionnels !