Bacon à Beaubourg

La dernière exposition de Bacon au Centre Pompidou remonte à 1996... Celles-ci va s’attacher à nous présenter les œuvres tardives de l’artiste, de 1971 à sa mort en 1992 ; On voit un parallèle entre les tableaux et leurs sources d’inspiration littéraire.

Francis Bacon a plus de 1000 livres dans sa bibliothèque ; tous écornés, annotés et usés d’avoir été lus et relus ; on y croise Eschyle avec le drame de l’Orestie, F.Nietzsche avec la dialectique entre Apollon et Dionysos, T.S Eliot avec « La Terre », Joseph Conrad et son récit « Au cœur des ténèbres », M. Leiris et la tauromachie...C’est une image qui s’associe au texte, le tableau en reflète « un sentiment poétique »... C’est lui qui le dit !
 
Le spectateur que nous sommes est plongé dans un monde où la chair et enfermée, torturée, où le corps est amputé, déformé...rien d’apaisant ! C’est fort, c’est cru ! C’est beau mais d’une beauté violente, qui agresse nos sens.

Dans certaine salle sont lus des textes choisis : Les Eumenides dans l’Orestie d’Eschyle nous parlent de sanctuaire, d’homme souillé, de sacrilège, de sang ; Son tryptique est puissant mais sinistre. Nus écorché et carcasses écartelées. Ici on voit un monstre qui hurle, là un  corps disséqué, là une ampoule sinistre qui pend du plafond, ici on voit un interrupteur et un corps qui tombe. On traverse les salles et Bacon ne nous laisse aucune chance d’échapper à notre destin d’Humanité mutilée, torturée, prisonnière dans sa propre chair.

Bacon travaille dans son atelier, encombré de tubes de peintures, d’images, de photographies, de livres déchirés c’est un immense chaos qui nourrit parfaitement son inspiration. Il y restera jusqu’à à mort en 1992.

Parfois le regard est attiré par un rouge particulièrement profond, ou par un bleu, ou un jaune ou un rose... Mais partout le corps se désagrège et la chair molle se tord à l’extrême pour nous rappeler « la menace ». Bonne exposition qui reste un grand moment incontournable !