Henri Matisse (1869 - 1954) a consacré sa vie à la peinture pour chercher à exprimer le calme et la beauté.
Ce que les critiques de son temps appelait « un art de tranquillité » destiné comme il le disait lui même à être un « lénifiant, un calmant cérébral, quelque chose d’analogue à un bon fauteuil qui délasse de fatigues physiques ».
A ce propos, il complète en 1908 :
« Ce que je rêve, c’est un art d’équilibre, de pureté, de tranquillité, sans sujet inquiétant ou préoccupant. »
Grand coloriste, il marque son temps en étant le chef de file de la période fauve. Il fait scandale au salon d’automne de 1905 en exposant sa Femme au chapeau qui représente sa femme Amélie.
Ses couleurs très (trop) vives, ses formes libres et l’absence de mimétisme choqua l’assemblée.
Cette œuvre sera achetée le jour même par une grande famille de collectionneurs avant-gardistes, sous le choc devant cette toile, les Stein.
Le fauvisme est le premier mouvement en peinture qui fit vraiment scandale auprès du public et des critiques, avant de faire la renommée de ses artistes membres.
Comment en est il arrivé là ?
Étudiant aux Beaux Arts de Paris, il passe du temps au Louvre à réaliser d’excellentes copies des œuvres des grands maîtres. Cet acte de « copier » le mettra vite mal à l’aise et le pousse à trouver son propre langage pictural.
« Louvre, quand je fréquentais et y copiais, je faisais facilement l’image ou je croyais la faire. Mais c’était l’image des autres, l’image transmise par mes prédécesseurs. J’étais extrêmement peu dedans ou même pas du « tout. [...] C’est le succès qui m’a fait réagir, car il ne me paraissait pas mérité. »
Ainsi, au-delà de la morale qui justifie sa réaction, l’imitation au carré à laquelle il se confronte le conduit à douter de l’un des fondements du système de représentation classique.
Si pendant cette période, les couleurs, exaltées, sont ses véritables outils de révolution, il poursuivra sa quête dans la série Jazz. Immobilisé par la maladie dès 1943, il se met à « dessiner avec des ciseaux » et « dessiner dans la couleur ». La série des papiers découpés est née.
La chapelle Notre-Dame-du-Rosaire, inaugurée en 1951 est sans doute la plus belle illustration de cette période magnifique.
Grâce à ses recherches sur la couleur, sa peinture entretiendra toute sa vie une relation ambiguë avec l’abstraction, vers laquelle elle tend mais résiste.