“LAURE CARRÉ, JAB”

Laure Carré expose sa série Boxeurs qui actualise avec élégance la longue histoire qui lie la peinture à la boxe.

"Après celles qui autrefois eurent lieu à New York et Tokyo ou bien celles que, plus récemment, elle présente régulièrement à Paris et Nantes, la dernière en date des expositions de Laure Carré porte un titre qui appelle sans doute un petit mot d’explication. “Jab” est le terme anglais par lequel, dans le vocabulaire de la boxe, on désigne le coup – moins puissant mais plus rapide – que l’on porte avec le plus avancé de ses deux poings. Étrangement, dans ce même vocabulaire, on nomme “ring” – qui veut dire : “anneau” – l’espace autour duquel font cercle les spectateurs, sur lequel s’affrontent les combattants mais qui présente une forme strictement quadrangulaire que des cordes encadrent. Un rectangle ou un carré comme le carré ou le rectangle des tableaux que peint Laure Carré. Chez elle, la toile est un tapis auquel personne ne va et sur lequel semblent léviter des silhouettes. Elles flottent dans le vide duquel elles se détachent au point qu’elles paraissent s’émanciper insoucieusement du fond sur lequel elles figurent. Sombres comme des ombres formidablement élégantes auxquelles le bleu et le rouge confèrent d’extraordinaires couleurs. Seules ou bien en couples, des couples au sein desquels chacun des deux corps réfléchit l’autre auquel il s’oppose et qu’il complète. On dirait des danseurs, bien sûr. Des anges aussi. Au sexe parfois incertain et qui, descendus du ciel, visitent les vivants. Comme dans une Annonciation italienne d’avant Raphaël. Mais, après tout, il est des archanges qui, messagers d’une vérité qui leur vient de Dieu – ou bien de ce qui en tient lieu – sont aussi des guerriers. Il n’y a rien de platement réaliste – on l’a compris – dans la représentation que propose l’art de Laure Carré. On pense plutôt aux scènes de pugilat que portaient sur leurs flancs les amphores panathénaïques de la Grèce antique. Toute une histoire existe qui lie la peinture à la boxe. Artpress, il y a quelques années, dans un numéro spécial, en a d’ailleurs rendu compte (1). Dans cette très ancienne et fastueuse tradition qu’elles revivifient à leur façon, les images que présente aujourd’hui Laure Carré prennent leur place sans démériter aucunement de celles qui avaient précédé."
 
Philippe Forest

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