Penchée sur la machine à coudre, Florence Grundeler se lance dans ce qui ressemble à « une danse soufie » : « Je pique le tissu en un point, puis je le fais tournoyer et tournoyer », afin que le fil y trace des tourbillons improvisés, explique-t-elle. Quelquefois, la machine résiste, il faut rester ferme. « C’est une conversation entre elle et moi », souligne l’artiste. Pour Repossi, la plus minimaliste des maisons de joaillerie de la place Vendôme, Florence Grundeler, qui porte peu de bijoux dans la vie, a imaginé six œuvres. Le fil, blanc, noir ou cuivré – un écho à l’or rose, signature de la marque –, s’invite sur du papier peint en blanc noyé d’encre bleu nuit ou sur des couches assemblées de tarlatane, cette solide étoffe de coton qui, au XXe siècle, pouvait composer les jupons.
Comme elle, cinq autres artistes ont accepté de répondre à une commande de Repossi : le résultat de leurs créations est à voir – et à vendre – à compter du 6 juillet chez Amélie, Maison d’art, l’adresse de leur galeriste, Amélie du Chalard, un bel espace lumineux donnant sur une cour arborée, dans le quartier de l’Odéon, à Paris. Pour les six plasticiens participants, une seule consigne : prendre pour point de départ la forme emblématique de la collection Antifer du joaillier. Des bijoux en or dont la courbe – le plus souvent un cercle – se hérisse d’une pointe rigoureuse, détail anguleux emprunté aux falaises crayeuses du cap d’Antifer, en bord de Manche, qui a donné son nom à la ligne. Lancée en 2013, elle est devenue en dix ans « la collection la plus importante en volumes écoulés », précise la PDG de Repossi, Anne de Vergeron.
Sur le papier, l’opération « anniversaire » (qui accompagne le lancement de bijoux inédits) aurait pu évoquer un marketing opportuniste… Mais la simplicité de la forme, qui laisse aux artistes toute latitude d’interprétation, et l’absence de logo permettent d’apprécier les œuvres comme un véritable exercice de style. « Le luxe a traditionnellement tendance à faire entrer l’art au forceps dans les produits, convient Anne de Vergeron. Pour nous, cette carte blanche s’envisage davantage comme un humble retour de balancier : nous nous demandions si nous pourrions à notre tour inspirer les artistes… »
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