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Tout est faux, mais tout à l’air vrai. Comme un rêve. Devant ce tableau, on est frappé, par la minutie, par l’effet de ressemblance. Presque comme un trompe l’oeil. Devant ce tableau, ce n’est pas le mot tableau qui nous vient à l’esprit, mais beaucoup plus le mot image. Comme ci Magritte était un peintre d’image; Un peintre qui ne cherchait pas à faire style, un peintre qui ne cherchait pas à se montrer dans les tableaux, mais un peintre qui cherchait à produire des images, des images ressemblantes.
Alors ressemblant à quoi ? Qu’est ce qu’on voit dans cette image ? On voit un homme, il est de dos, il a un manteau noir, il a le cheveux court, il a un chapeau melon. Cet homme si on a vu une fois dans sa vie un tableau de Magritte, on le connaît. Parce que cet homme c’est l’homme de Magritte. C’est à la fois monsieur tout le monde et en même temps Magritte lui même. Magritte s’habillait de la même manière. Il s’habillait comme une sorte de commis voyageur, comme un employé de commerce et surtout pas comme un artiste. Magritte refuse l’idée de l’extravagance de l’artiste, l’idée du génie, l’idée de la singularité au profit d’une forme de généralité, de monsieur tout le monde. Pourquoi est qu’il refuse cela? Parce qu’il pense que la peinture n’est pas faite pour impressionner, n’est pas faite pour intimider, elle est faite pour faire rêver.
Précisément, dans cette oeuvre là, nous pouvons nous, n’importe lequel d’entre nous, nous pouvons nous projeter et nous projeter deux fois. La première fois c’est dans cet homme qui est à gauche de dos. Il est à gauche de dos, il regarde c’est un spectateur, c’est nous. C’est nous dans le tableau, à travers lui nous pouvons avoir la sensation de ne pas être devant le tableau, mais dans le tableau.
Et puis, à droite, nous retrouvons sa silhouette, apparemment la même silhouette. Mais cette fois-ci au lieu qu’il oblitère le paysage, la silhouette est comme découpée, elle est vide, dans un rideau et à travers cette ouverture, cette silhouette ouverte nous voyons un paysage. Qu’est ce que nous voyons? Nous voyons la mer, le bord de mer. Magritte, on le sait, est belge. Nous sommes peut être, par exemple à Knokke-le-Zoute, là où le Casino comporte des grandes fresques de Magritte.
Alors, j’ai dit que tout avait l’air vrai parce que dans ce tableau il y a une sorte de jeu de l’illusion, de l’illusion d’optique, une forme qui se répète, des ressemblances et des dissemblances, comme une sorte de jeu des sept erreurs. Il faut savoir que Magritte, pendant la guerre à gagné un moment sa vie en faisant des faux. Des faux Picasso, des faux modernes et qu’il les a vendus. Est ce que c’est une pratique de faussaire ? Est ce que c’est une pratique d’escroc ? Ou est ce qu’il y avait chez lui quelque chose d’autre encore ? Et avec ce tableau, qu’est ce que Magritte cherche à faire avec nous ? Est ce qu’il cherche à nous vendre une chose pour une autre? Un tableau pour une image ? Cela n’est pas sûr, en tout cas ce qui est certains c’est que Magritte veut jouer avec nous.
Son tableau il a un titre, il s’appelle La décalcomanie. Vous savez décalcomanie, ce jeu d’enfant, ce jeu qui renvoie immédiatement à notre enfance, ce jeu qui consistait à transposer une image peinte sur une surface sur une autre, on pouvait la coller et la décoller cette image. Alors au fait ici, où est la décalcomanie ? Est ce que Magritte à enlever la silhouette de la partie droite pour la coller sur la gauche ? A moins qu’il ai détouré la silhouette de gauche pour créer la droite. On est dans une forme d’illusion, le décalcomanie c’était une pratique qu’aimaient beaucoup les surréalistes que Magritte fréquentait également à Paris non sans méfiance.
Je disais que tout était faux, également parce que si on commence à bien comparer la silhouette de gauche et la silhouette de droite comme dans une sorte de jeu des sept erreurs, on s’aperçoit au bout d’un moment, que oui d’une certaine manière, on s’est fait prendre au jeu de Magritte. Un jeu de la fausse ressemblance qui nous aveugle.
Parce que, regardez la silhouette, deux fois et regardez la silhouette avec le rideau, vous voyez maintenant, sur la droite ce fameux rideau, il est à la fois devant la silhouette qui est trouée et en même temps il la recouvre, il est derrière elle, il recouvre son épaule droite. On est dans un jeu d’illusion et de dénonciation de l’illusion. C’est ressemblant mais en même temps c’est différent. Et ça, pour le voir, il faut faire avec ce tableau, comme ont fait avec la peinture et pas comme on fait avec l’image. Il faut prendre le temps de regarder. C’est la grande leçon de Magritte. Il y a une phrase que j’aime beaucoup, qui est une phrase du poète anglais Coleridge qui définit le rapport du spectateur aux oeuvres de fictions, en disant ceci, il dit que ce rapport est « A willing suspension of disbelief » : une suspension consentie délibéré de l’incroyance. On est dans la salle et tout d’un coup la lumière s’éteint, le rideau s’ouvre et on se met à croire. On s’abandonne au plaisir de croire, au plaisir d’oublier qu’on est dans une salle, que c’est une scène, que c’est une fiction, et tout à coup on rentre dedans. On est devant un tableau et tout à coup on oublie qu’on est devant un tableau et le tableau s’ouvre et on est devant la mer.
Mais ce qui est important c’est qu’à un moment le rideau se baisse, la lumière se rallume au théâtre comme au cinéma et tout à coup on sort de la croyance. Sortir c’est tout aussi important que rentrer. D’ailleurs ici c’est un rideau qui nous dit attention aux images, gares aux images, les images sont trompeuses. Magritte à travaillé également pour la publicité, il sait de quoi il parle en matière d’image trompeuse, souvenez vous il a fait un tableau où il à peint une pipe et en dessous il a écrit « Ceci n’est pas une pipe »; non ce n’est pas une pipe, c’est un tableau. Magritte joue avec nous, pourquoi faire ? Et bien que pour que nous ne prenions pas des vessies pour des lanternes, que nous ne prenions pas le faux pour le vrai, il joue pour que nous restions libre, libre de rêver et ensuite de nous réveiller.