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CONNEXION / INSCRIPTION Bonjour
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Parfois regarder c’est s’abandonner.
Parfois s’abandonner est là meilleure façon d’éprouver, comme dans une rencontre amoureuse.
La toile est rectangulaire et tirée en hauteur. Elle est d’un grand format, 1,62m sur 1,30m. Toile à hauteur d’homme. Toile à hauteur de corps et de regard en même temps. Se tenir devant elle, c’est être confronté à une présence, quelque chose qui apparaît, que l’on ne domine pas. Quelque chose qui vient, la toile. Je veux dire la toile qui est montée sur châssis qui a conservé sa teinte écrue, tendant vers le brun de son matériau d’origine est visible. Présence disais-je, présence des bords, non peints, qui sont d’autant plus visibles qu’ils sont irréguliers. Est-ce un tableau, est-ce un volume?
Quelque chose est là, qui ne se fait pas oublier, ne disparaît pas dans le mur mais au contraire semble en surgir pour venir vers nous. Sur cette toile, des traits jaunes, d’un jaune citron, dont la vivacité est comme poussée à son comble par son contraste avec l’ocre qui l’accueil. On songe à ces champs de colza, au printemps qui éclaboussent de lumière le vert de la campagne. Que dire de plus, oui la question se pose, tant les moyens mis en jeu ici sont pauvre, économe. Une toile, des traits au pastel à l’huile, c’est tout. C’est très simple donc, mais pour autant, puis-je dire que je vois ? Je veux dire que si je me tourne un moment par exemple, que je détourne mon regard de cette toile, saurai-je de mémoire, en reconstituer l’allure. Pas sûr. Economie de moyen, richesse de la sensation.
Alors au lieu de détourner le regard faisons exactement le contraire. Restons là, debout, devant ce tableau qui nous le demande puisqu’il est debout lui-même et restons ainsi longtemps. Notre oeil, pour voir vraiment, notre corps pour éprouver réellement, ont besoin d’imprégnation. C’est ce que nous rappelle la peinture qui est une forme à vivre, une forme devant laquelle, c’est le fait des vrais tableau, on peut se tenir chaque jour et la nuit aussi et n’en avoir jamais fini avec le voir, n’en avoir jamais épuisé la sensation. Faites l’expérience chez vous, si il y a des tableaux que vous ne voyez plus, ça n’est pas très bon signe pour eux. Alors ces traits qui sont le vocabulaire de l’artiste que vois-je en restant devant eux ? Qu’ils ne sont pas vraiment droits, ni tout à fait horizontaux, ni tout à fait verticaux, pas même continus, parfois longs, parfois plus courts, parfois rapprochés, parfois disjoints, laissant alors comme sur les bords de la toile qu’ils ne rejoignent pas, l’ocre sous-jacent revenir du fond vernis.
Ça semblait être une grille, quelque chose de géométrique de prime abord, mais on pense plutôt maintenant à une sorte de trame désormais. Trame parce que ce mot, trame, fait venir au jour une sensation inomable dans un premier temps que l’on a éprouvé par le corps et la mémoire plus encore que par les yeux. Quelque chose de textile est présent là. C’est ça le pouvoir de la peinture, si on lui accorde du temps, si on met non seulement son regard et son corps dans un état de disponibilité, le tableau réveil en nous la mémoire de sensation qui vont bientôt faire venir des mots comme autant de souvenir et une autre manière de voir. Alors trame et textile, je prononce ces mots et une autre porte s’ouvre. Cette toile sous-jacente mais tellement présente, cette toile brute, non apprêtée de blanc est elle même une surface tissée. Tiens c’est comme si ce tableau mettait au jour une structure cachée à la façon d’un dévoilement. Et puis il y a cette façon irrégulière d’entre-croiser les traits de pastel.
C’est incroyable comme la peinture n’a pas besoin de grands gestes, ni de formes reconnaissables pour faire naître la sensation. Nous sommes devant une surface plane, où sont disposés des traits, mais quelque chose semble vivant. Les traits eux-même, qui du fait de leur épaisseur, du fait de leur tremblé qui trahit la main de l’artiste, du fait de leurs disposition, semblent vibrer et s’animer sous nos yeux. Et puis cette trame, comme un fantôme de tissus, à la limite de la déchirure sur son bord inférieur et puis en son centre, a droite ou quelque chose s’ouvre et s’effiloche. Tout à l’heure je parlais d’abandon et de rencontre amoureuse aussi, parce que je me tiens là, devant cette surface plane, mais que l’artiste, avec très peu de moyen, c’est a dire avec délicatesse m’emmène dans un monde de sensation, où je me laisse mouvoir et émouvoir par un espace qui me happe, sans contraintes, juste pour un temps, juste le temps de la rencontre et de la sensation. Ça parait si simple au début cette grille jaune sur fond ocre, mais désormais ça semble fragile au bord de la déchirure et puis mouvant à la façon d’un courant et puis surtout plus rien ne parait plan, la trame s’écarte, laisse remonter le fond, oui décidément un vrai tableau est une affaire de présence, inoubliable, quelque chose qui s’imprime dans le corps.
Pola Carmen, c’est le nom de l’artiste nomme ce tableau Possible - Jaune Citron, un autre s’appelle Possible - Bleu tendre, un troisième Possible - Orange de Chine. Manière de dire que la peinture et l’art d’explorer ce dont ses composantes, toile, couleurs, sont capable. Manière de dire, de nous dire qu’il y a là quelque chose à vivre, quelque chose de possible à nous de saisir la présence qui vient pour la rendre réelle et durable.